jeudi 17 novembre 2011

Les Lames du Cardinal (trilogie), de Pierre Pevel

Si vous choisissez comme moi d'acheter l'intégrale, soyez prévenu, c'est un sacré pavé, pas du tout pratique à glisser dans son sac... Mais la couverture est très belle!
Ce livre a gagné le prix Mornigstar des David Gemmell Awards 2010 (prix anglais récompensant les premiers romans) et quand on sait qu'il est déjà rare que la fantasy française soit traduite en anglais...
Résumé :
Nous sommes en 1633, à Paris. Louis XIII règne sur la France avec l'aide de son célèbre premier ministre, Richelieu. Entre les rebelles en Lorraine, l'indépendance de La Rochelle, les jalousies au sein de la cour, diriger le pays n'est pas simple.
Alors quand les dragons d'Espagne se mettent à comploter, le Cardinal convoque en secret le capitaine La Fargue, afin qu'il reforme les Lames du Cardinal, cette unité d'escrimeurs d'élite qui l'ont servi par le passé mais qu'il a renvoyés après le désastre de La Rochelle. Il s'agit de protéger la France de la menace draconique!

Mon avis :
Ça faisait longtemps que je voulais le lire celui là! Déjà le résumé est alléchant : des dragons à Paris sous Richelieu! Et puis, gagner un prix anglais, c'est quand même exceptionnel pour de la fantasy française. 
Comme vous avez pu le voir dans le résumé, la présence des dragons a changé pas mal de choses dans la situation politique française. On le réalise assez vite, en apprenant que La Rochelle... est devenue une république protestante indépendante!

Attention, on ne parle pas ici de gros dragons à écailles crachant du feu. Du moins au début. L'ancienne espèce des dragons a évolué et a peu à peu pris l'habitude de vivre sous forme humaine, parmi les humains. Ce qui ne les empêche pas de chercher à dominer le monde grâce à une société secrète, la Griffe Noire...

J'ai beaucoup aimé comment Pevel intègre les éléments de fantasy au roman de cape et d'épée. Tout en gardant le Paris historique (la boue et la puanteur notamment), il modifie juste assez l'Histoire et le monde : La Rochelle est perdue, la cour d'Espagne est dirigée par des dragons... On croise aussi leurs lointains cousins un peu partout : les dragonnets remplacent les chats, les tarasques servent de bêtes de somme, les wyvernes de monture, et les dracs sont de redoutables guerriers hommes-lézards.

Ce que je redoutais, c'était que le roman manque justement de ces détails que j'adore dans les romans de fantasy : les description d'un monde nouveau, inventé. Sur ce point, j'ai été entièrement rassurée. Comme dit plus haut, les dragons modifient le monde juste assez pour satisfaire les amateurs de fantasy. 
Et il y a les descriptions du Paris de l'époque, très lointain de celui d'aujourd'hui. L'auteur prend son temps pour décrire les ruelles encore moyenâgeuses, les ponts, les nouvelles constructions, la boue et la puanteur. J'ai beaucoup aimé ces passages qui s'intègrent tout naturellement dans l'histoire pour lui donner une atmosphère particulière.

L'histoire elle même est très bien menée, avec des rebondissements tout du long. Les intrigues sont complexes et bien pensées, avec un bon équilibre entre l'action et la réflexion.

Les personnages sont intéressants, on s'attache vite aux membres des Lames, au Cardinal et même aux dragons. Ils ont tous un grand charisme. Il faut dire que ces escrimeurs sont tous passés maitres dans l'art d'avoir la classe...
C'est là, cependant, qu'intervient un des problèmes que j'ai eus avec la trilogie.
Les personnages sont presque tous trop parfaits. Physiquement surtout : tous les membres des Lames sont d'une beauté incroyable, et les dragons encore plus. En fait, les personnages, principaux ou non, qui n'ont pas un physique parfait se comptent sur les doigts d'une main. De plus, Pevel répète ses descriptions du physique de ses héros au mot près à quelques chapitre d'intervalle. Cela m'a particulièrement choquée pour Leprat, mais je l'ai aussi remarqué pour d'autres.
Psychologiquement, on en sait finalement très peu sur les personnages et leur histoire. Leur caractère est décrit dès le départ et ne change pas ou peu au cours des livres. On a parfois l'impression qu'ils sont là pour remplir quota de "coolitude" (ce qu'ils font très bien!)... L'auteur place des références alléchantes à leur passé, mais ne les explique jamais, ou très peu.
On referme le livre un peu déçu de ne pas en savoir plus, surtout que la fin est très ouverte pour tous les personnages! D'un autre coté, c'est aussi agréable de les voir garder leurs mystères, à la fois vis à vis du lecteur et vis à vis de leurs propres camarades.

Deuxième faiblesse que j'ai trouvé dans ce livre : l'auteur à recours à des méthodes pour créer le suspens que je trouve un peu faciles, voir déloyales.
Je m'explique : les scènes dans ce livre sont très courtes, ce qui n'est pas mal pour créer de la tension. Mais souvent, l'auteur change de scène au plein milieu de l'action, avec un phrase du type "Grandméchant leva son mousquet, visa au cœur et fit feu. Grandgentil s'écroula sur le pavé".
La première fois, on a peur pour le personnage, le suspens est terrible...
Au bout de dix fois, on sait bien qu'il va s'en sortir, et ce procédé devient très agaçant. Surtout quand le personnage s'en tire deux scènes plus tard avec un "il n'était que sonné, son baudrier l'ayant protégé de la balle".
De manière générale, les scènes et les chapitres finissent toutes par un cliffhanger, souvent mal exploité par la suite, et ça devient très, très lourd à force.

Dernière critique, certains concepts que Pevel a insérés dans son monde sont introduits au lecteur de façon maladroite. Je pense notamment à la première apparition de la ranse.

C'est tout pour les points décevants!

Je voulais aussi parler du final du 3eme tome : une "bataille finale" pendant laquelle je n'ai pas pu poser le livre. Les choses deviennent vraiment passionnantes dans ce tome! Les choses s’accélèrent, presque trop pour qu'on aie le temps de digérer toute l'information.
La fin est un peu brutale : on quitte les personnages très vite, alors que les choses sont loin d'être finies pour eux!

En bref : 
J'ai aimé! L'ambiance, l'époque, le mélange fantasy / roman de cape et d'épée, et même les personnages un peu trop parfaits mais attachants. Malgré quelques problèmes de style qui m'ont agacée, je me suis laissée porter par l'histoire.
La trilogie m'a donné envie de lire Les Trois Mousquetaires. Je l'ai donc emprunté à ma mère, il est sur mon étagère à attendre que je finisse mes autres lectures en cours.



5 commentaires:

  1. J'ai beaucoup apprécié cette trilogie :-)

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  2. Les quelques défauts ne m'ont pas empêché d'apprécier, d'ailleurs j'ai fait passer le livre à une amie, j'espère qu'elle aimera aussi!

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  3. J'ai trouvé cette trilogie sympathique mais loin d'être exceptionnelle. Il y a certains points qui m'ont bloqués. En tout cas content que ce livre t'ait plu.

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  4. Bravo, belle chronique. Personnellement, ce mélange des genres me rebute un peu, mais si je tombe dessus, je le lirais ;)

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  5. Merci Breol!
    Pour moi, le mélange des genres est ce qu'il y a de plus réussi dans la série, mais c'est aussi la seule raison pour laquelle elle est exceptionnelle. Tout le reste est un peu quelconque, j'avoue...
    Bref, coté mélange fantasy/de cape et d'épée, je retourne au chef-d’œuvre qu'est De Cape Et De Crocs!

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